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la-tartine-qui-conte

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021. La parole qui tranche

Ce n'est pas vraiment un conte puisque c'est une histoire vraie. Or les contes sont de véritables histoires, nuance.

Mais parfois, la réalité dépasse la fiction... Alors les histoires vraies deviennent de véritables histoires.

Celle-ci se passe il y a plus de 3000 ans, en 950 avant Jésus-Christ exactement. 

Désuet, vous pensez ?

Détrompez-vous, la sagesse traverse les âges, aussi jeune qu'au jour de sa naissance. Jugez-en par vous-mêmes.

 

Mais d'abord avez vous déjà rencontré un sage ? Oh pas un intellectuel à lunettes et au front plissé. Non, un vrai sage, je veux dire quelqu'un qui dégage une aura autour de lui, une sorte de voile lumineux qui vous transperce le cœur.

Salomon était de cette souche-là.

Il disait avoir reçu sa sagesse à l'âge de douze ans, quand, à la mort de son père, il dût prendre sa succession et régner sur le peuple. Sans expérience - pensez-vous, à cet âge ! - il fit un songe, où le Très-Haut lui proposait de lui exaucer un vœux. Il lui suffisait de choisir ce qu'il désirait - mieux que dans un conte.

Il demanda la sagesse.

A cette époque, on savait que les songes parlent des profondeurs de l'âme.

Mais sa sagesse allait-elle se confirmer au grand jour ? 

 

Écoutez plutôt cette histoire qui me vient tout droit du peuple juif... le peuple du grand Roi Salomon. 

 

 

Dans les bas fonds de Jérusalem, deux prostituées vivaient dans la même maison.

Toutes les deux étaient tombées enceinte au même moment. Elles accouchèrent d'un fils, à trois jours d'intervalle.

Un soir, l'une d'elle se coucha contre son fils et l’étouffa. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Nul ne sait. 
En tous cas, elle fut prise de remord, et au milieu de la nuit, elle se leva, elle prit l'enfant vivant qui reposait sur le sein de l'autre femme, et elle le coucha contre elle. Et son fils mort, elle le coucha contre l'autre femme.
Au matin, quand l'autre femme se levait pour allaiter son fils : il était mort !
 
Les deux femmes vinrent se présenter devant le grand Salomon, leur roi.
L'une d'elle prit la parole.
- O grand roi, entends ma détresse aujourd'hui, je t'en supplie !
Toutes les deux, nous avions deux fils nés sous la même étoile.
Une nuit, son fils est mort, elle s'était couchée contre lui. 
Elle se leva au milieu de la nuit, elle prit mon fils qui reposait sur mon sein, et elle le coucha contre elle. Et son fils mort, elle le coucha contre moi.
Au matin, je me levai pour allaiter mon fils : il était mort ! Au petit jour, je l’examinai attentivement : ce n’était pas mon fils, celui que j’avais mis au monde. 
L’autre femme protesta, et elle raconta la même histoire, à son avantage.
Et elles se crêpaient le chignon en présence du roi.
 
Le roi prit la parole : 
- Donnez-moi une épée ! 
 
Parole tranchante.png
On apporta l'épée devant le roi.
Et il poursuivit :
- Coupez en deux l’enfant vivant, donnez-en la moitié à l’une et la moitié à l’autre. 
L'une des femmes protesta
- De grâce, mon Seigneur ! Donnez-lui l’enfant vivant, ne le tuez pas ! Je retire ma plainte...
- Il ne sera ni à toi ni à moi, contesta l'autre. Coupez l'enfant en deux, comme a dit le grand roi Salomon. 
 
Prenant la parole, le roi déclara :
- Donnez l'enfant vivant à celle qui a retiré sa plainte, ne le tuez pas : c’est elle, sa mère !
 
Tout Israël apprit le jugement qu’avait rendu le roi, et on le regarda avec crainte et respect.
On avait vu que, pour rendre la justice, la sagesse du Très-Haut était en lui.
 
Histoire plagiée dans le "Livre des Rois" - Illustration d'un auteur inconnu. 


29/04/2016
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