la-tartine-qui-conte

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025. La femme du bucheron

Un bûcheron sciait le bois tôt le matin dans sa forêt. Et quand le soir, il arrivait chez lui épuisé, sa femme l’accueillait avec ces mots :

-          C’est tout s’que tu ramènes ?!

Une femme comme on n’en voit que dans les contes bien sûr.

- Non, mais regarde ma garde robe - elle ouvre alors une immense penderie où pendent milles couleurs et formes plus extravagantes les unes que les autres - Je n’ai plus rien à me mettre.

Le lendemain, le bûcheron sort des sentiers battus.

Là, au milieu des arbres feuillus, comme il soulève la broussaille pour passer, il trouve, tout recouvert de mousse, un puits.

Le soir il demande de l’argent à sa femme pour acheter une corde.

-           Ah, c’est encore pour aller au café ?! Je viens avec toi.

Et tout le long de la marche, elle râle.

Ils achètent la corde. Ils reviennent par la forêt. Le chemin qui mène au puits est tout tracé par les broussailles écrasées. Quand la femme voit le puits, elle est persuadée qu’au fond se cache un trésor.

-          C’est moi qui descends, ordonne-t-elle

Soit. Elle s’accroche à la corde, et son mari la fait glisser doucement. Une fois qu’elle est en bas, profitant de sa quiétude, le bûcheron à l’idée… de lâcher la corde.

-          Aaaaaahhh 

Ce soir-là, il se prélasse dans un café, d’où il revient tard et saoul. Sans titre.png

Le lendemain, après une longue grasse matinée, il finit quand même par aller travailler.

Au bout de trois jours, il sent monter en lui quelques remords. Il va racheter une corde, la jette au fond du puits, il a du mal à la relever… Elle lui semble bien plus lourde que l’autre jour.

Quand surgit au bout de la corde, un monstre à trois têtes, de multiples oreilles couronnant chacune d’elle.

-          Ah, merci de m’avoir délivré de ce cauchemar, soupire le monstre. Je vivais là depuis des milliers d’années, tranquille, pénard, sans que personne ne me dérange. Une femme est arrivée, elle n’arrête pas de me donner des ordres et de crier « Fais ci, fais ça, mais non pas comme ci, comme ça ».

Le monstre serre le bucheron dans ses bras, il l’embrasse de sa langue violette, et ils s’en vont au café fêter l’évènement.

 

 

Conte entendu au centre Mandapa – Illustration de Sempé trouvée sur http://www.mchampetier.com

 

 



29/04/2016
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