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026. La souris et le vent

C'était un désert silencieux, paisible,

un désert sans faute, un désert sans rien, sans le moindre brin de buisson mortel,

un désert désert.

Souris et le vent.png
 

Il n'était que sable, il n'était que ciel.

Et dans ce désert, avec la lumière, le sable, le ciel,

il y avait le vent,

et une souris.

 

Il y avait l'amour.

L'amour est partout, surtout au désert où rien ne l'entrave, ni piège ni mur.

L'amour avait fait son nid infini

dans le cœur du vent et de la souris.

 

Au bord de son trou

sans cesse elle disait :

- Vent, je veux te voir !

- M'aimes-tu, souris ?

- Tu m'emplis le cœur, la tête, le corps,

mais tu vas, tu passes, tu n'es jamais là.

Viens, que je caresse ton ventre, ton dos, ton menu museau !

Oh pour ça oui, je sens bien ton souffle.

Mais de quelle couleur sont tes yeux ?

Tes cheveux sont-ils bouclés, ébouriffés ?

Te voir, vent, te voir ! Comment t'aimer bien sans jamais te voir ?

 

Un heureux aux lumières tranquilles, aux dunes alanguies, le vent répondit :

- Je vais t'apparaître souris, avec mes cheveux défaits et ma poitrine nue, et tu me verras tel que Dieu m'a fait.

Attends, je reviens.

 

Plus un souffle d'air.

Silence, soleil, paix, sieste du sable.

La souris, béate, attendit le vent.


Soudain, du lointain vint un sifflement,

une nuée grise envahit la dune, un tourbillon fou vint au bord du trou,

un géant poudreux se mit à hurler :

- Souris, me vois-tu ? Ma mère m'a dit que j'étais superbe. Regarde-moi, dis, suis-je beau ?

Souris, mon aimée, réponds, où es-tu ?

C'est moi maintenant qui ne te vois plus !

 

Elle n'entendait pas. Elle entendait trop. Elle s'était enfouie dans son trou profond.

Elle tremblait de froid, gémissait d'effroi.

Tempête, ouragan, vertige, bourrasque,

l'amour est ainsi quand il vient tout nu.

Elle ne savait pas.

 

Conte d’Henri Gougaud dans  la revue « clé » rubrique « chronique » - Illustration de  Monzimba trouvée sur http://monazimba.blogspot.fr


29/04/2016
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