041. Les trois graines
Les trois graines
Fermez la bouche en mangeant et ouvrez les oreilles pour écouter, une histoire arrive.
Un roi avait trois fils.
Comme il perdait ses dents et ses cheveux, et ni l’un ni l’autre ne repoussaient, il décida de leur donner son héritage.
A l’aîné, qui aimait les richesses, il donna son palais d’or, ainsi qu’une petite graine brune.
Au cadet, qui préférait faire la fête, il légua tous ses musiciens et ses danseuses, ainsi qu’une petite graine brune.
Et au petit dernier, qui à vrai dire n’aimait pas grand chose, il transmit juste une petite graine brune.
Le plus jeune met sa graines en terre… il l'arrose… il regarde la terre et il attend…
Il attend si longtemps qu'il finit par s’endormir, et quand il se réveille, rien n’a poussé.
Il patiente encore trois autres jours, et comme la terre reste intacte, il recourt à son grand-oncle.
Celui-ci regarde d’abord la terre, il sent le pot de terre...
... et il donne à son petit neveu cette réponse saugrenue :
- Si ton grain ne pousse pas, petit, dis simplement à ton père que ton grain n’a pas poussé.
Un an plus tard, comme nous ne sommes pas encore en période de confinement, le roi convie tout le pays à un grand festin.
Ses deux aînés ont le torse bombé en entrant avec leur pot magnifiquement fleuris. L’empereur les admire. L’un a une amaryllis somptueux de majesté, l’autre un rosier rouge voleur.
Quand il voit son dernier tout penaud avec son pot de terre :
- Faîtes venir mon dernier, ordonne le roi.
Le jeune homme s’approche, honteux.
- Qu’as-tu fait là mon fils ? lui demande-t-il
- Ben j’ai mis la graine dans de la bonne terre, avec le fumier du cheval de mon oncle, je l’ai arrosée, et puis j'ai attendu…
Mais la graine n’a jamais voulu sortir.
- Cet enfant sera mon héritier, déclare l’empereur.
Et il lui lègue son royaume qui s’étend des hautes rizières vertes jusqu’au vaste océan.
La foule entière est interloquée, l’enfant n’est pas le moins surpris.
- Tu as été intègre, mon fils, explique le roi. Toutes les graines avaient été brûlées.
